Programme Erasmus+
KA2 – Partenariats stratégiques de l’éducation des adultes
Coordinateur du projet
Célébrer la diversité culturelle dans l’espace urbain
Le secteur culturel est « un outil essentiel dans une politique de sortie de crise » pour l’UE, laquelle souhaite qu’il contribue à construire de nouvelles réponses aux nouveaux enjeux que posent l’arrivée de réfugiés fuyant la guerre et la montée des extrémismes, en prenant appui sur la créativité et l’innovation pour stimuler le dialogue interculturel. Or aujourd’hui, les cadres réglementaires de sécurisation des manifestations culturelles dans l’espace urbain ont fortement évolué en Europe pour cause de risques d’attentats et connaissent des débats embryonnaires et antithétiques entre acteurs culturels et autorités locales et nationales qui nécessitent de renouveler les modes de concertation et de construire des réponses pragmatiques nouvelles qui facilitent la célébration de la diversité culturelle dans l’espace public.
Ainsi, ce projet conduit par Samba Résille (France) en partenariat avec Enjoy (Italie), Suba Attila (Hongrie) et Artscape (Afrique du Sud), quatre structures culturelles qui ont en commun l’organisation d’actions artistiques investies comme espaces de créativité, de célébration de la diversité culturelle, d’inclusion sociale et professionnelle des publics les plus vulnérables et de rayonnement des territoires où elles agissent, traite simultanément des dynamiques créatives et des impératifs de sécurisation des espaces publics par le développement des habiletés et agilités du personnel du partenariat par une coopération transnationale d’apprentissages par les pairs dans le but d’accroître leurs capacités à opérer au niveau transnational et planifie un programme d’activités autour de rencontres professionnelles pour échanger leurs bonnes pratiques et construire des réponse novatrices qui facilitent la sécurisation et la célébration de la diversité culturelle dans les espaces publics.
Les apprentissages dans ce projet ciblent des compétences transversales autour de 4 thèmes :
– développer les capacités à s’organiser (Afrique du Sud)
– développer les capacités à communiquer (Italie)
– développer les capacités à s’adapter (Hongrie)
– développer son savoir agir (France)
Partenaires
Artscape est une institution culturelle située au cœur de Cape Town. Elle offre le plus haut niveau d’excellence artistique dans tous les domaines de la performance depuis plus de 40 ans. La structure s’engage à être un vecteur de croissance et de transformation pour les arts vivants en utilisant des moyens qui contribuent à la construction du pays et s’engage à établir des partenariats qui impliquent toutes les parties prenantes.
Artscape promeut l’accès à l’art et est aujourd’hui un des plus grands espaces en Afrique dédié aux arts de la performance. Depuis quelques années, Artscape a établi avec succès un programme innovant d’éducation et de formation offrant des opportunités de carrière aux artistes en devenir et aux techniciens du spectacle d’Afrique du Sud de toutes communautés. La fondation a également mis en place des programmes d’éducation artistique et de développement qui entraînent des changements positifs dans la création d’une communauté culturelle et artistique riche.
Artscape met en place ses programmes dans les communautés urbaines, pré-urbaines et rurales. Les programmes Éducation, Compétences et Développement sont composés d’activités artistiques diverses ainsi que d’événements comme le carnaval de Cape Town et de nombreux festivals dont le but est de valoriser les communautés.
À la fin de l’année 2013, Attila Suba, un chanteur de blues hongrois, fonde le groupe SoulFool. Ils charment le public avec un style énergique, unique et dynamique, enraciné à la Nouvelle-Orléans. Dans leurs propres chansons, ils mélangent le blues, l’âme et l’évangile avec un sentiment groovy, les vibrations de l’amour et la joie de la vie.
C’est encore un groupe jeune mais l’année dernière ils ont donné plus de 150 concerts de club et ont joué dans des dizaines de festivals en Hongrie et à travers l’Europe et l’Asie.
Enjoy est une organisation culturelle non gouvernementale, née à Turin en 2009, de l’initiative conjointe de formateurs, éducateurs spécialisés et animateurs pour adultes, qui ont fait le constat d’un manque sur leur ville d’espaces de formation non formelle qui puisent dans les arts les ressources pour accompagner des adultes dans leur démarche d’épanouissement personnel et d’inclusion sociale.
Agissant à différents échelons territorial, local, régional, national, européen et international, en proposant des actions guidées par la volonté de célébrer la diversité culturelle comme fer de lance de sa stratégie d’accompagnement des publics dans leur épanouissement personnel et leur insertion professionnelle, Enjoy est reconnue pour son expertise dans la mise en place d’enseignements innovants qui s’appuient sur les techniques de la commedia dell’arte pour favoriser des apprentissages créatifs.
Enjoy bénéficie d’un théâtre en libre gestion pour ses activités d’éducation et de formation des adultes que lui met à disposition la mairie de Turin et dans lequel elle programme également des espaces de création artistique, de diffusion culturelle ainsi que des séminaires sur des thématiques liées à l’innovation pédagogique dans les apprentissages.
Mobilités
Du 7 au 14 mai 2018
Développer les capacités à s’organiser
Cette première mobilité s’étend sur 7 jours dont 2 jours de voyage, soit 5 jours de formation comprenant successivement les activités suivantes :
• Se connaître, travailler ensemble : réunion de lancement, présentation individuelle de chaque participant
• Présentation des actions d’Artscape et des expériences créatives capitalisées
• Visites des locaux (espace administratif, salles de spectacle, hangar de construction de décors, espace réservé à la confection des costumes, etc.)
• Tables rondes sur l’état des lieux des matériels utilisés et échanges d’expertises sur la sécurisation des prestations culturelles dans l’espace public
• Tables rondes sur les métiers techniques autour d’un événement culturel et sur le management culturel
• Session de debriefing et temps d’évaluation collective et individuelle en face à face à mi-parcours
• Visites culturelles organisées par Artscape
• Réunion avec les représentants de la Mairie de Cape Town et des partenaires internationaux d’Artscape
• Visite d’ateliers artistiques (musique, danse, théâtre…), notamment de ceux à destination des publics vulnérables
• Une journée consacrée à l’évaluation de la mobilité, du programme d’apprentissage, des acquis individuels et collectifs.
Du 20 au 25 octobre 2018
Après Cape Town en mai 2018, les délégations de Samba Résille, Artscape et Soul Fool Band se retrouvent pour le deuxième rendez-vous de ce projet à Turin pour rencontrer la délégation italienne Enjoy. Au programme de ce séjour, une approche axée sur le développement des capacités à communiquer. Cette mobilité a pour objectif d’apprendre à concilier et gérer sécurité affective des apprenants et sécurité matérielle des espaces créatifs.
Auprès de nos partenaires italiens, les délégations partageront des méthodes d’animation qui reposent sur des apprentissages coopératifs autour d’un savoir partagé. Les techniques de la commedia dell’arte et du théâtre de Grotowsky, chères à notre partenaire italien, seront ainsi les outils méthodologiques des modules de formation qui permettront une approche renouvelée de communication dans la gestion et l’organisation des rituels festifs dans l’espace urbain.
Cette mobilité permettra également, dans le cadre de modules d’échanges, de comparer les cadres règlementaires de sécurisation des publics lors de manifestations culturelles dans chaque contexte local et national. Les partenaires partageront ainsi leurs modes d’organisation et leurs relations aux pouvoirs publics et services concernés lors des manifestations culturelles.
Du 26 janvier au 1er février 2019
Quatre délégations de 6 membres par équipe se sont retrouvées à Budapest avec au programme :
• des tables rondes autour des thèmes de la radicalisation, du dialogue entre les cultures, du rôle des autorités locales et des organisations culturelles dans la coopération interculturelle ;
• des séances d’information et de discussion autour du contexte socio-politique hongrois ;
• des ateliers artistiques pour créer une œuvre commune et mettre en œuvre la nécessaire adaptation de tous à un contexte bien particulier ;
• des visites culturelles afin de garantir une véritable immersion dans l’environnement hongrois (visite du théâtre Mupa, du parlement, etc.).
Du 12 au 16 novembre 2019
Jour 1 – Résumé de la mobilité précédente et point sur le planning des activités à venir / Atelier pour identifier les risques d’un festival type Rio loco, en vue de la réunion avec la Préfecture de la Haute-Garonne.
Jour 2–Rencontre avec la Préfecture de la Haute-Garonne : sécurité des publics liés à un risque attentat, procédés de gestion de la sécurité d’un événement festivalier dans l’espace public
Jour 3 – Atelier pour identifier les solutions aux risques identifiés lors de l’atelier précédent / Évaluation du projet (analyse SWOT)
Jour 4 – Rencontre avec Christine Pradayrol et Yvan Cuiller (experts) pour discuter de la sécurité lors du carnaval de Toulouse
Jour 5 – Évaluation finale du projet (analyse SWOT) / Discussion autour d’un projet futur, pour répondre aux enjeux environnementaux actuels
Témoignages
Témoignage de Toberin Meyer
Témoignage – Le musée District 6
Durant la première partie du projet Espace urbain à Cape Town, nous avons amené les groupes au musée District 6, pour mettre en contexte le gouvernement de l’Apartheid et l’impact négatif qu’il a eu sur la ségrégation dans notre pays.
District 6 était un quartier du centre-ville de Cape Town, où des gens de toutes origines vivaient ensemble en harmonie. Avec l’apparition de la loi Apartheid du gouvernement de l’époque, la communauté a été forcée à quitter l’endroit par la police, et a été placée dans des townships à l’extérieur de la ville.
Le musée donne des détails sur la façon dont les gens vivaient dans ce quartier et sur les épreuves qu’ils ont eu à vivre avec cette expropriation imposée par la police.
La visite du musée a été organisée pour aider le groupe à comprendre la situation sociale actuelle des différentes communautés qu’il allait visiter et la raison pour laquelle elles sont dans cette situation aujourd’hui.
Toberin Meyer, 12/05/2018, Cape Town
Témoignage vidéo de Naboweya Prince
Témoignage d’Alessio Santini, leader du groupe Enjoy
« Célébrer la diversité culturelle dans l’espace urbain » – Rapport de l’association Enjoy (Italie)
.Le projet.
C’était la première fois que nous participions à un projet comme celui-ci, pas vraiment artistique mais plus managérial, avec de nombreuses discussions. Au tout début, en tant qu’artistes, nous ne nous sentions pas vraiment à notre place, mais grâce à la bonne organisation et à la bonne communication faite par Samba Résille, tout était clair.
Nous avons aimé le projet parce qu’il était centré sur l’échange, de cultures, de connaissances, de sentiments, d’informations et de compétences. Le sujet important était de développer des capacités pour s’organiser, communiquer, s’adapter et agir. Nous avons aussi beaucoup parlé de sécurité, ce qui est très bénéfique pour nous qui organisons des projets.
.Les voyages.
C’était bien de voyager à 4 endroits aussi différents, avec des différences de climats, d’endroits, de populations et de cultures, parce que nous avons appris énormément juste en observant la façon de travailler de chaque culture. Chaque billet d’avion, chaque hôtel et chaque voyage était très bien organisé par Samba Résille, chaque planning d’activités était bien organisé sous la supervision de Samba Résille, tout était clair et s’est bien déroulé.
.Turin, les ateliers et les thèmes.
Nous avions en charge le thème « Communiquer ». Nous avons construit notre planning sur les activités de notre troupe de théâtre et sur nos méthodes d’enseignement grâce à des ateliers, parce que nous avons à cœur la communication entre les artistes et le public, entre les artistes eux-mêmes, entre les gens, et entre les gens et la société.
Nos méthodes d’enseignement théâtral sont basées sur des exercices qui suivent la méthode de Grotowski et sur les techniques de la Commedia dell’Arte. C’est un enseignement qui atteint chaque individu et chaque groupe. Nous travaillons avec les émotions et l’énergie de chaque personne, en commençant par de simples exercices d’ice-breakers, pour apprendre à se connaître. Ensuite, les exercices commencent, d’abord sans utiliser la voix, juste avec le corps, pour prendre confiance en soi et mieux se connaître soi-même. C’est comme un processus, un voyage, une façon de grandir par étapes. Chaque étape est un nouveau niveau, et nous ajoutons à chaque fois quelque chose en plus. Nous commençons d’abord par le corps, puis l’interaction avec d’autres personnes, puis on ajoute, la voie, le contact, les souvenirs, les émotions, les sentiments et l’énergie. Tout se fait étape par étape par le professeur, qui prend en considération chaque personne, les différents sentiments, car il doit avoir les connaissances et compétences pour travailler avec des personnes fragiles. Tout est fait étape par étape, au bon moment, c’est un travail individuel et collectif.
A Turin, nous avons mis en place un enseignement basique, nécessaire au projet et aux partenaires.
.Impression.
Nous avons trouvé que tout était très clair, nous avons beaucoup appris des autres organisations et sur elles. Nous avons fait évoluer nos connaissances et nos compétences, il y avait aussi beaucoup d’humour, car nous avons créé au sein du groupe une ambiance familiale. Nous avons passé du temps à parler de nombreux sujets, à manger ensemble, et nous étions contents de passer du temps avec tous ces gens.
Nous avons fait beaucoup d’ateliers, eu de nombreuses discussions, visité beaucoup d’endroits. Parfois, nous avons mis du temps à atteindre le sujet important lors de nos discussions, il aurait peut-être fallu faire plus d’ateliers pour que ce soit plus interactif.
En résumé, nous avons adoré ce projet qui nous a fait grandir, qui a fait grandir notre organisation, et nous avons appris des choses intéressantes.
Témoignage de Suba Attila
Pour les membres du SoulFool Band, ce projet fut un voyage. Un voyage qui nous a beaucoup appris sur la compréhension de ce qu’est une coopération entre différentes organisations. Quand nous avons commencé le projet en Afrique du Sud, nous ne savions pas quel était vraiment le but du projet. Et tout au long des mobilités, nous nous sommes sentis un peu mal à l’aise, parce qu’en tant que musiciens nous préférons agir plutôt que parler.
Mais au fur et à mesure que nous avancions dans le planning, chaque personne du groupe a compris que le projet avait pour but de nous apprendre comment les acteurs culturels font face à leurs problèmes et défis. Ce fut vraiment une expérience d’apprentissage pour nous.
Nous pensons que la plus grande expérience fut quand nous étions à Cape Town, pendant la crise de l’eau, de voir toute cette richesse et toutes ces parties pauvres de la ville, et d’entendre tous ces médiateurs qui travaillent dans les communautés avec des jeunes talentueux, ce fut vraiment expérience incroyable. Nous nous sommes rapprochés en Italie, nous avons pu rentrer en contact les uns avec les autres grâce aux exercices Grotowski. Je pense que c’est en Hongrie que tous les groupes se sont bien amusés et ont pu comprendre ce qu’est de lutter en tant que musicien dans cette ville, où il n’y a presque plus de concerts. Je pense aussi que les ateliers en groupe nous ont permis de mieux comprendre le contexte dans lequel chaque organisation doit travailler. Et finalement, en France, je pense que nous avons compris le contexte national français, et à quel point il est difficile d’organiser des événements dans l’espace public.
Durant notre dernière rencontre, Soulfool Band a eu une idée qui reflète très bien ce processus d’apprentissage. Nous nous sommes sentis connectés avec tous les groupes, et nous allons continuer à faire ce que nous avons fait dans ce projet, mais à un autre niveau !